Comment réussir votre film en 3d relief ?

Une caméra virtuelle supplémentaire suffit-t-elle pour une diffusion 3d relief ?

samedi 29 mars 2008 par Laurent Verduci

Hypothèse de départ : vous avez déjà réalisé votre film d’animation en images de synthèse, à partir d’une base de données 3D, et vous voulez le diffuser en 3d relief.

Vous allez créer pour cela une caméra virtuelle supplémentaire afin de visualiser le second point de vue de la même scène. Admettons que le point de vue du film déja réalisé constitue le point de vue pour l’oeil gauche et que la caméra supplémentaire constitue le point de vue pour l’oeil droit.

Cela suffit-il pour vous permettre une sortie en relief réussie ?

L’univers de votre film en "2D" se prête-t-il au relief ? Est-il plutôt contemplatif ou plutôt spectaculaire ?

Vous devez vous poser la question préalable de la pertinence d’une sortie relief quant au sujet traité, à sa narration et commencer à imaginer scène après scène ce que serait une vision en relief avec ses "effets de jaillissement" vers le Public et ses "effets de fenêtre", derrière l’écran vers l’infini.

Il est important de savoir ce que votre Producteur, votre Distributeur ou votre Public vous réclament sur le type d’effets relief : plutôt spectaculaires, en jaillissement, ou plutôt contemplatifs, en effet de fenêtre ?

Pour l’instant, le Public est habitué aux effets des attractions en relief des parcs de loisirs, et attend donc des effets de jaillissements. Encore aujourd’hui, certains spectateurs considèrent avoir "vu du relief" seulement si celui-ci était en jaillissement ! Il est vrai que la "proximité" des éléments près d’eux renforcent aussi l’intimité des plans ou peut susciter des émotions très fortes telle que la peur. Cette tendance va je l’espère évoluer grâce à des scénarios privilégiant un relief au service de l’Histoire du film et non l’inverse.

Des thèmes sur l’espace, l’aérien, l’aquatique se prêtent totalement au relief de jaillissement car les objets peuvent être "décollés" de tout support, en lévitation, en apesanteur, dans un fluide comme l’eau et "rester" dans le champs des caméras sans sortir du cadre.

Des mouvements plutôt lents, fluides des objets et des caméras favorisent l’expression du relief car ils laissent le temps au Public de découvrir et de rentrer dans la profondeur de l’image.

Des plans larges avec des cadrages en plongée ou en contre-plongée favorisent le relief et intensifient les sensations de vertiges.

Les formes géométriques, de bâtiments par exemple, sont plus rapidement identifiées par notre cerveau et favorisent la rapidité d’immersion dans le relief.

Les techniques employées pour réaliser votre film "2D" conviennent-t-elles au relief ?

Après avoir validé la pré-disposition narrative de votre film, au relief, il faut vérifier que tous les éléments techniques qui ont permis la sortie classique monoscopique puissent être utilisés de la même manière pour recalculer le second point de vue.

Et là, les problèmes risquent de commencer ! Réunissez les Responsables des mattes painting, camera mapping, effets spéciaux et compositing , et vérifiez comment ils ont conçu leur travail. Il y a de fortes chances pour que certaines tâches aient été réalisées en "2D" pour des raisons de simplicité, de rapidité en conception mais aussi en temps de calcul de rendu et bien entendu pour des raisons économiques.

Pour des mattes de décors en arrière plan vers l’infini nous allons pouvoir "tricher" en créant en compositing relief ce que j’appelle de la "2D décalé". Notre perception humaine du relief vers l’infini est quasi inexistante,(de par le faible espacement entre nos deux pupilles, comparé à la distance les séparant des objets observés ) et nous pouvons facilement leurrer notre cerveau.

Pour les mattes et effets plus proches des caméras virtuelles il va falloir les modéliser en 3D afin d’avoir véritablement deux perspectives des objets ( une pour l’oeil gauche et l’autre pour l’oeil droit ) Et donc sur ses plans précis, la sortie classique du film "2D" ne peut plus être récupéré pour le relief du premier point de vue : il faut alors reprendre tous les fichiers 3D dans le compositing au niveau des mattes et effets spéciaux.

Tous les plans de votre film sont donc à étudier afin d’y repérer les éléments "2D" et trouver comment en remplacer certains par des modèles 3D. Première conclusion : certains plans déjà calculés pour le premier point de vue sont à recalculer.

Le cadrage actuel des scènes convient-il au relief ?

Rappelons notre hypothèse, vous gardez le rendu de la caméra du film déjà calculé en 2D comme premier point de vue au relief. Par conséquent, vous ne pouvez plus changer la localisation des objets dans chaque scène, pas plus que la caméra virtuelle et sa focale.

Et là, second problème : les cadrages ont été pensé naturellement pour la sortie "2D", vos personnages en amorce ou les premiers plans, sont coupés la plupart du temps par les bords du cadre et empêchent d’envisager la scène en effet relief de jaillissement. On peut tricher légèrement pour avoir un petit effet de jaillissement mais avec le risque d’engendrer un début d’inconfort visuel sur une partie du public surtout si ce choix est répété tout au long du film.

Pour réaliser les effets reliefs les plus pertinents, il faut pouvoir les paramétrer en fonction du cadrage et de la composition de chaque plan.

Certains plans seraient superbes en jaillissement, plus ou moins importants dans la salle, à condition de garder une certaine "aération" dans le cadre : cela nécessite de reculer le groupe caméra ou d’éloigner ou de recentrer les personnages ou objets ou parties d’entre eux en premiers plans. La taille des décors 3D en background restant visibles dans le cadre guidera ces choix.

Les transitions et fondus entre séquences 2D du film conviennent ils au relief ?

Certaines transitions et certains fondus déjà en place dans le film vont devoir être adaptés aux contraintes des transitions entre espaces relief, sous peine de visualiser des volumes imbriqués les uns dans les autres sans cohérence spatiale et donc infusionables par notre cerveau.

Conclusion, vous avez deux solutions :

- Vous gardez le plus possible de séquences de rendu déjà réalisées pour la sortie du film en "2D" et vous calculez uniquement le deuxième point de vue. Le relief du film ne sera ni optimisé ni judicieux. Il devra être paramétré essentiellement pour assurer le confort visuel des spectateurs, avec de beaux effets de fenêtre mais avec peu de jaillissements efficaces et confortables vu l’impossibilité de bien les régler.

- Ou bien vous recalculer véritablement deux points de vue, un pour l’oeil gauche et un pour l’oeil droit et vous paramétrez votre relief au service de votre film , en pouvant choisir les effets les plus judicieux, les plus aboutis, tout en préservant le confort visuel des spectateurs.

Vous pourrez ainsi envisager plusieurs paramétrages et sorties relief selon les tailles des écran de diffusion retenues ( salles Imax, salles de cinéma moyennes aux Etats-Unis, salles moyennes en Europe, écran Home Cinéma)

Remarques : Si vous souhaitez diffuser sur le marché international en 3d-relief, il va falloir apporter à votre film une qualité relief irréprochable, de niveau équivalent à ce qui est en train d’être réalisé aux Etats-Unis.

Le relief doit être au service du film mais le film doit permettre au relief de le bonifier.

Document de base déposé à la SCAM le 20/12/2007.

E-mail : laurent.verduci@free.fr

Mobile : 06 72 10 19 98


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